À mesure que la pandémie progresse, une répercussion inattendue se dessine : une pandémie subséquente de troubles de santé mentale faisant son apparition dans l’ensemble du Canada. De nombreux témoignages de difficultés et de fragilité nous ont été rapportés par des travailleurs de tous les secteurs d’activité, mais ce risque accru n’est pas forcément inévitable. Les entreprises qui soutiennent activement leur personnel constatent une meilleure mobilisation ainsi qu’un niveau de bien-être plus élevé chez l’ensemble de leurs employés. Aussi, les employeurs se doivent de faire des initiatives en matière de santé mentale une priorité s’ils veulent obtenir des résultats positifs pour eux-mêmes et leurs équipes. Voici comment vous pouvez commencer dès aujourd’hui à vous consacrer au programme de santé mentale de votre entreprise.
La pandémie de COVID-19 a provoqué de l’isolement, des cas d’épuisement professionnel, des sentiments de perte de même que des bouleversements dans les habitudes de nombreux parents et tuteurs, contribuant ainsi à un déclin général de la santé mentale. De nombreux employeurs ont constaté une augmentation du taux d’absentéisme et du nombre de réclamations pour invalidité liées à la santé mentale, ainsi qu’une augmentation des demandes de remboursement liées à des frais de médicaments et de services de praticiens paramédicaux pour des raisons de santé mentale. Les statistiques recueillies en 2021 dans le cadre de notre programme Retour à la santéᴹᴰ ont révélé une hausse de 5 % des réclamations pour invalidité liées à des troubles de santé mentale, qui sont passées de 24 % à 29 %, ce qui dépasse de loin l’augmentation de 0,5 % à 1 % que nous constatons habituellement d’une année à l’autre.
Tout comme la sécurité physique en milieu de travail, les dirigeants doivent favoriser l’idée de faire de la santé mentale une priorité.
Selon le dernier Indice de santé mentale de Telus, 75 % des personnes interrogées présentaient encore un risque modéré à élevé quant à leur santé mentale.1 L’anxiété et la dépression dues à la COVID se sont peut-être atténuées, certes, mais uniquement pour faire place au stress financier résultant de l’inflation et de la situation économique précaire.
L’importance d’une stratégie en matière de santé mentale
La COVID-19 a motivé les employeurs à faire le point sur les mesures dont ils disposaient déjà pour soutenir les employés et leur santé mentale. En février 2022, la firme Léger a mené un sondage auprès de 1 000 résidents de l’Ontario et a constaté que seulement 54 % des répondants bénéficiaient d’avantages sociaux au travail, et que seulement 36 % étaient couverts par un régime prévoyant une allocation pour soins de santé mentale.2 Le montant médian accordé à cet effet se situe à 750 $, ce qui est généralement insuffisant pour obtenir un soutien continu.3
Les troubles de santé mentale sont complexes et nécessitent souvent un traitement et un soutien continus. Il est probable que certains employés, en plus de leur propre santé mentale, doivent également faire leur possible pour soutenir celle de leurs enfants. Selon le Centre de toxicomanie et de santé mentale (CTSM) et l’Hôpital pour enfants SickKids, les enfants figurent parmi les groupes d’âge les plus durement touchés par la pandémie.4
Éléments essentiels d’une stratégie en matière de santé mentale
Il est essentiel d’éliminer les obstacles financiers qui pourraient dissuader les personnes de chercher le soutien en matière de santé mentale dont elles ont besoin. À l’heure où les employés se voient rapatriés au bureau par leurs employeurs, ces derniers devraient examiner la possibilité d’augmenter les montants consacrés à la santé mentale qui sont alloués dans le cadre de leur régime d’avantages sociaux, affirme Mme Deepy Sur, Ph. D. de l’Association des travailleuses et travailleurs sociaux de l’Ontario. Toutefois, il faudra plus qu’un simple ajout ou qu’une modeste augmentation des prestations. Les employeurs auraient plutôt intérêt à réfléchir à la mise en place d’une stratégie globale en matière de santé mentale. Un bon point de départ en ce sens serait d’effectuer une évaluation de base de l’organisation.
À titre d’exemple, nous pouvons nous pencher sur le cas de Bell Canada et sur la façon dont l’entreprise a fait évoluer au fil des ans sa stratégie en matière de santé mentale en milieu de travail. En 2010, Bell a vu une augmentation annuelle des réclamations pour invalidité de courte durée liées à la santé mentale, et ce, malgré le fait que seulement 12 % des employés avaient eu recours au programme d’aide aux employés (PAE) de l’entreprise.5 Depuis, des milieux de travail comme celui de Bell Canada sont mieux préparés pour faire face à l’absentéisme et aux réclamations pour invalidité liées à la santé mentale, et ce, grâce à ce qui suit :
- Formation en matière de santé mentale à l’intention des dirigeants et adhésion de ces derniers aux démarches à cet égard;
- Campagnes de sensibilisation;
- Services et soutien;
- Mesure et évaluation.
Pour qu’une stratégie en matière de santé mentale soit efficace, il faut toutefois que la haute direction y adhère. Tout comme la sécurité physique en milieu de travail, les dirigeants doivent favoriser l’idée de faire de la santé mentale une priorité. Un excellent point de départ en la matière serait de télécharger la Norme nationale du Canada sur la santé et la sécurité psychologiques en milieu de travail. Par ailleurs, il est essentiel que les membres de la haute direction et les gestionnaires reçoivent une formation en matière de santé mentale en vue de lutter contre la stigmatisation et de favoriser un milieu de travail sécuritaire sur le plan psychologique. Une telle formation peut aider les dirigeants à reconnaître les signes de difficulté chez leurs employés, à les soutenir au moyen de mesures d’adaptation visant à les aider à rester au travail et à promouvoir les avantages sociaux liés à la santé mentale, comme un programme d’aide aux employés.
La mise en œuvre d’une stratégie en matière de santé mentale est importante, mais la mesure et l’évaluation de son efficacité le sont tout autant.
Le succès de toute initiative repose sur une communication claire, d’autant plus lorsqu’il s’agit de parler de santé mentale. Vous pouvez faciliter la discussion sur ces sujets difficiles en établissant un dialogue ouvert entre les membres de votre équipe et en encourageant chacun à écouter de façon active, sans jugement ni attitude défensive. Si les employés se sentent soutenus, ils seront plus disposés à s’exprimer et à faire les démarches nécessaires pour obtenir l’aide dont ils ont besoin.
La promotion d’événements de sensibilisation tels que la Journée Bell Cause pour la cause, le 25 janvier 2023, et la Semaine de la santé mentale de l’Association canadienne pour la santé mentale, du 1er au 7 mai 2023, peut aider les employés à mieux comprendre les troubles de santé mentale et les soins qui y sont associés, et à lutter contre la stigmatisation en encourageant des conversations continues tout au long de l’année.
En outre, l’élaboration d’un programme complet d’aide aux employés est cruciale pour toute entreprise qui cherche à soutenir la santé mentale de ses équipes. Assurez-vous de fournir diverses ressources auxquelles les employés peuvent accéder en fonction de leurs besoins et de leurs préférences personnelles, notamment des modules en ligne, des livres ou même des séances individuelles avec des professionnels de la santé mentale.
Les mesures de soutien et les services tels que les programmes d’aide aux employés ou les outils numériques comme les programmes de soins de santé virtuels sont axés sur la prévention. Ces outils numériques se sont avérés aussi efficaces que les consultations en personne et peuvent être bénéfiques pour les personnes isolées ayant un accès limité aux traitements en personne. La COVID-19 a été un catalyseur pour les services de consultation virtuels et la thérapie cognitivo-comportementale (TCC).
La mise en œuvre d’une stratégie en matière de santé mentale est importante, mais la mesure et l’évaluation de son efficacité le sont tout autant. Afin de se faire une meilleure idée de l’état de la santé psychologique dans leur milieu de travail, les employeurs peuvent se référer à des indicateurs de rendement en matière de santé mentale tels que la fréquence des absences non planifiées, le pourcentage de réclamations pour invalidité liées à la santé mentale, les taux de demandes de remboursement faites dans le cadre des régimes d’avantages sociaux pour des frais de médicaments et de soins paramédicaux, le recours aux PAE, ainsi que les sondages de rétroaction menés auprès des employés. À la lumière des résultats de ces indicateurs de rendement, les employeurs peuvent ainsi apporter les changements nécessaires à leur stratégie.
Une stratégie en matière de santé mentale est indispensable
L’élaboration d’une stratégie en matière de santé mentale n’est plus une « commodité », c’est une nécessité. Les troubles de santé mentale représentent une cause majeure d’invalidité et de perte de productivité pour de nombreux employeurs. Mais en intégrant une stratégie complète en matière de santé mentale à l’ADN de l’entreprise, on contribue à réduire l’absentéisme, à accroître la mobilisation des employés, à renforcer les mesures visant à attirer des employés et à les maintenir en poste, et à créer une culture de bien-être.
Communiquez avec votre conseiller de Cowan pour obtenir de l’aide afin d’élaborer votre stratégie en matière de santé mentale.
Sources :
1 LifeWorks. The Mental Health Index by LifeWorks™ (l’Indice de santé mentale par LifeWorks™), novembre 2022, extrait du lien.
2, 3 HERHALT, Chris. Boost mental health care benefits as employees return to the office, Ontario’s social workers say (Les travailleuses et travailleurs sociaux de l’Ontario estiment qu’il faut améliorer les avantages sociaux liés à la santé mentale en vue du retour au bureau des travailleurs), 11 avril 2022, extrait du lien.
4 Centre de toxicomanie et de santé mentale. Majority of Ontario students surveyed report feeling depressed about the future because of COVID 19 (La majorité des élèves de l’Ontario interrogés déclarent se sentir déprimés face à l’avenir en raison de la COVID-19), 26 avril 2022, extrait du lien.
5 ROLFE, Kelsey. Mental Health Summit : How Bell Canada is evolving its workplace mental-health strategy (Sommet sur la santé mentale : Comment Bell Canada fait évoluer sa stratégie en matière de santé mentale en milieu de travail), 9 décembre 2022, extrait du lien.