Quelles leçons les directeurs généraux, les professionnels des ressources humaines, les conseillers en avantages sociaux et en régimes de retraite ainsi que les membres de l’industrie de l’assurance peuvent‑ils tirer de l’année 2020 et peut-être même d’une grande partie de l’année 2021? Quelles leçons nous ont échappé en 2009 lors de l’éclosion du syndrome respiratoire aigu sévère et quelles sont celles que nous devons retenir après la COVID-19? Quel sera l’avenir des avantages sociaux, des régimes de retraite (épargne‑retraite) et du « bien-être » après la COVID‑19?
Selon nous, la réponse à ces questions est une simple stratégie à trois volets : prévention, gestion, assurance. Certains diront qu’il s’agit simplement de bon sens. 1. Prenez toutes les dispositions raisonnables pour éviter qu’un incident ne se produise. 2. Gérez les coûts pendant l’événement et au cours de son rétablissement au profit de l’employé et de l’employeur. 3. Assurez‑vous pour minimiser le risque financier dans l’éventualité où l’incident se produit.
Prévention et gestion
Selon le rapport The Burden of Chronic Diseases in Ontario (le fardeau des maladies chroniques en Ontario), publié en juillet 2019, on estime que les quatre principales maladies chroniques (le cancer, les maladies cardiovasculaires, les maladies chroniques des voies respiratoires inférieures et le diabète) ont des coûts directs liés aux soins de santé de 10,5 milliards de dollars par année. Pourtant, le gouvernement provincial n’a dépensé que 192 millions de dollars en prévention en 2016 et 2017. (Qu’est-il advenu de l’adage selon lequel il vaut mieux prévenir que guérir?)
Le Sondage Sanofi Canada sur les soins de santé de 2020 révèle que 48 % des membres de régimes d’avantages sociaux disent éprouver des douleurs chroniques au travail et que 70 % d’entre‑eux souffraient de douleurs chroniques et d’une maladie chronique. Étonnamment, 63 % des participants au régime âgés de 18 à 34 ans ont dû s’absenter du travail ou ont eu de la difficulté à faire leur travail en raison de leurs douleurs chroniques ou de leur maladie chronique; comparativement à 47 % des participants de 55 ans et plus.
La définition médicale d’une maladie chronique semble indiquer qu’il s’agit d’un état persistant qui peut être traité, mais qui n’est pas curable. Une autre définition la décrit comme une maladie qui sévit sur une longue période. S’il est impossible de modifier certains des facteurs biologiques qui causent les maladies chroniques, bon nombre de facteurs comportementaux peuvent l’être. Prévention et gestion
La section sur les maladies chroniques du portail canadien des pratiques exemplaires de l’Agence de la santé publique du Canada met en évidence le cancer, les maladies cardiovasculaires, les maladies respiratoires chroniques, le diabète de type 2 et les affectations neurologiques. Si l’on se concentre sur le cancer, les maladies cardiorespiratoires et le diabète de type 2, les facteurs de risque communs sont une mauvaise alimentation, l’obésité et un manque d’exercice, des facteurs qui peuvent être évités, contrôlés et changés, et qui sont étroitement liés.
Ensuite, un autre problème de santé parfois tenu à l’écart dans la discussion sur les maladies chroniques est la santé mentale, à laquelle les trois maladies susmentionnées sont liées. La santé mentale, ou plutôt une mauvaise santé mentale, devrait être considérée comme une maladie chronique dans la sphère des avantages sociaux des employés. Le trouble anxieux est également une maladie chronique. La dépression peut être une maladie chronique, et l’insomnie causée par un problème de santé mentale peut le devenir. Chacun de ces éléments a une incidence sur la vie personnelle et professionnelle d’un employé. En fait, pas un jour ne passe sans que ne nous soient présentés de nouveaux rapports faisant état de la santé mentale des employés ainsi que de la santé des enfants d’âge scolaire à leur charge ainsi que des avertissements terribles sur les conséquences de la pandémie à long terme sur ces personnes. Aucune discussion sur les maladies chroniques ne devrait écarter la santé mentale. Mettez en lumière votre programme d’aide aux employés et à leur famille et les ressources en matière de santé mentale offertes dans la couverture pour les services paramédicaux. Cet ensemble des ressources en matière de mieux‑être mental n’attend qu’à être pleinement utilisé. Un professionnel des ressources humaines avisé que je connais depuis un certain temps me dirait de ne pas le mettre aux oubliettes.
À l’avenir, les employeurs de choix accorderont plus d’attention au volet de la prévention qu’au contrôle des coûts pour le régime d’avantages sociaux de leurs employés parce que la réduction du nombre de demandes de prestations engendre une réduction des coûts à long terme. Certains diront que nous n’avons pas de données pour étayer pleinement cette croyance, du moins, pas au Canada, et d’autres soutiendront que c’est le cas ailleurs également. Si un employeur a besoin de connaître les avantages dont il bénéficie, il devrait se concentrer sur la valeur de l’investissement. Quelle valeur les employés accorderont‑ils à un employeur qui les aide à rester en santé? Que penser d’un employeur qui adopte les philosophies en matière d’environnement, de société et de gouvernance pour accroître la santé de leurs employés? Quel message votre régime actuel de bien‑être, de santé, d’avantages sociaux et d’épargne‑retraite envoie‑t‑il aux employés et aux recrues?
Votre régime d’avantages sociaux offre‑t‑il une couverture pour aider le participant, son conjoint ou sa conjointe ou encore une personne à sa charge à gérer son alimentation et son obésité? N’oubliez pas la règle générale : 50 % de vos dépenses en matière de soins de santé sont engagées le participant, son conjoint ou sa conjointe ou une personne à sa charge. Les services des diététistes sont‑ils couverts dans la catégorie des praticiens paramédicaux? Quelle est l’aide offerte dans le cadre de votre programme d’aide aux employés et à leur famille en ce qui a trait à l’état de la maladie? Prévention et gestion
Assurance
La partie « Assurance » de la réponse, qui porte notamment sur les régimes d’assurance maladie complémentaire et sur les soins dentaires, est simple, mais tout de même complexe. En fait, les calculs sont simples. En effet, un montant de 50 000 $ en demandes d’assurance maladie complémentaire pour l’année dernière donne à penser que la situation se répétera l’an prochain, sans compter l’inflation – l’inflation des coûts liés aux soins de santé et non pas de l’indice des prix à la consommation. Il y aura toujours un débat constructif entre les compagnies d’assurance et les conseillers avec lesquels ils travaillent au sujet de la quantification de l’inflation en tant qu’étape dans le processus de négociation. Quoi qu’il en soit, l’écart entre l’opinion des compagnies d’assurance et des conseillers sur l’inflation n’est pas trop grand. Une fois le niveau d’inflation décidé, le coût lié à la gestion des dépenses du régime y est ajouté, créant alors l’équation suivante lors de l’établissement des taux et des cotisations : les réclamations de l’année précédente + l’inflation + les dépenses = les coûts pour l’année à venir.
La partie légèrement plus complexe concerne les services offerts par les compagnies d’assurances en échange des coûts qu’elles exigent pour participer à leur régime. La compagnie d’assurance de demain fournira des ressources aux participants du régime, à leur conjoint ou conjointe et aux personnes à leur charge pour les aider à prévenir les maladies et à mieux gérer leur mode de vie en vue d’obtenir des résultats positifs.
Dans quelques années, mais pas trop quand même, la compagnie d’assurance de demain sera, nous l’espérons, un outil d’exploration de données en matière de prévention et de gestion. Quels renseignements cachés dans sa base de données seraient susceptibles d’être utilisés pour cerner les risques d’une maladie chronique chez un participant du régime, son conjoint ou sa conjointe, ou une personne à sa charge, et ainsi lui permettre de l’éviter complètement. Comment l’intelligence artificielle peut‑elle aider à empêcher qu’une demande présentée pour une première utilisation de statines (cholestérol) évolue en réclamation pour des frais encourus afin de traiter un diabète de type 2? Comment la compagnie d’assurance de demain peut‑elle inciter, motiver, amener et influencer un participant du régime, son conjoint ou sa conjointe, ou une personne à sa charge, à améliorer son état de santé? Nous savons que certaines compagnies sont déjà sur cette voie et nous sommes impatients d’observer les changements et de collaborer avec ceux qui y participeront.
Les promoteurs de régime de demain auront besoin d’aide. Qu’attendez‑vous? Prévention, gestion, assurance.
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- https://www.publichealthontario.ca/-/media/documents/C/2019/cdburden-report.pdf?la=en (en anglais seulement)
- https://www.sanofi.ca/-/media/Project/One-Sanofi-Web/Websites/North-America/Sanofi-CA/Home/fr/10_Nous-connaitre/12_Le-Sondage-Sanofi-Canada/sanofi-canada-healthcare-survey-2020-FR.pdf?la=fr&hash=D2F0CF7B11333900D7AF0F625AA2D9F2
- https://cbpp-pcpe.phac-aspc.gc.ca/fr/maladies-chroniques/
- https://journals.sagepub.com/doi/abs/10.1177/17423953050010020501?journalCode=chia#:~:text=The%20results%20of%20the%20NIMH,chronic%20and%20disabling%20’illness (en anglais seulement)